CENIT portavoz de la regional exterior de la cnt-ait

"SI CADA REFUGIADO ESPAÑOL NARRASE SIMPLEMENTE LO QUE HA VIVIDO, SE LEVANTARÍA EL MÁS EXTRAORDINARIO Y CONMOVEDOR DE LOS MONUMENTOS HUMANOS" FEDERICA MONTSENY, 1978

29 diciembre, 2005

Chronique de l’horreur judiciaire

8 MOIS DE PRISON FERME POUR MIKAEL
Mikaël, 18ans, a été interpellé avec ses copains dans la soirée du 07novembre 2005 dans le quartier tout calme des Minimes. Le groupe discutaitdans un jardin autour d'un banc. Près d'eux, un certain nombre de détritus,comme il est habituel d'en rencontrer dans les périphéries des grandesvilles : des papiers gras, des canettes vides… et un bidon d'essence déposéprés d'une poubelle qui attire l'attention du petit groupe. Des policiers,avertis par des voisins, qui épient la scène de leurs fenêtres, arrivent peu après et arrêtent tout le monde.Dans l'atmosphère qui est celle de ce début de mois de novembre, lesdétritus deviennent du "matériel incendiaire". Le bidon d'essence, dontaucun procès-verbal n'a précisé s'il était plein, les bouteilles vides et lepapier gras sont respectivement, le contenu, le contenant, et la mèched'hypothétiques cocktails Molotov. Comme l'a dit lui-même le Président dutribunal : "Passons sur le papier", il aurait fait en effet une bien piètremèche ! … Reste que les jeunes sont placés en garde à vue, parce que, seréunissant dans un jardin mal entretenu, les "faits" décrits ci-dessus sontqualifiés par la police "d'association de malfaiteurs en vue de perpétrer unincendie volontaire" !48h de garde à vue sous la pression d'une telle inculpation, dix ans deprison ferme à la clé, et on a vite tendance à abonder dans le sens désirépar l'air du temps. Mikaël aurait donc été vu tenant à la main le bidond'essence. Bien énigmatique bidon, car non seulement on peut douter qu'ilait été plein à ce moment, mais de plus on ignore qui l'a amené et pourquoi.Le procès verbal de la police, établi à l'arrivée sur les lieux, décritégalement, à proximité un scooter en panne (d'essence ?). Mais là aussi"passons", on n'en saura pas plus.A l'issu de cette garde à vue, tous les présumés "malfaiteurs associés" sontlibérés. Ils ne seront plus inquiétés. Tous sauf un, Mikaël. Lui, et luiseul, est poursuivi pour "association de malfaiteurs". Parce qu'il auraittenu un curieux bidon en compagnie de ses copains dans une soirée aussibrumeuse que fantasmatique, il écope ce 30 novembre de 8 mois de prisonfermes.Un tel verdict ne peut s'expliquer que de deux façons. Soit, ce jeunehomme, a l'unique privilège dans ce bas monde d'être à la fois singulier etpluriel et de pouvoir ainsi constituer à lui seul une "association". Soitque, comme ce fut le cas de Mikaël, être le seul noir dans un groupe deblancs en banlieue prédispose lourdement à la condamnation pénale etmédiatique. Comme la première hypothèse est pour le moins improbable, ilsemble qu'aujourd'hui la discrimination pénale ait fait un pas de géant.Fait assez extraordinaire, à la fin des débats, un toulousain âgé qui avaitsuivi tout le procès, a pris poliment la parole à la barre du tribunal, etdéclaré face à des magistrats médusés : "Les faits ne sont pas constitués.Il faut que le tribunal relaxe ce jeune homme", exprimant ainsi spontanémentla vox populi. Mais rien n'y a fait. L'inique verdict a été accueilli parles protestations des copains de Mikaël venus nombreux et de voisins,solidaires de la famille, très entourée. Nous sommes tous repartis avec lesentiment d'une nouvelle injustice.
Un présent au procès
Combat Syndicaliste 93, Décembre 2005/ Janvier 2006